J’ai quitté ma famille le 3 novembre pour Fermont. Mon avion est retardé de 6h mais j’arrive à bon port. Après une escale à Sept-îles, me voilà à Wabush au Labrador à une vingtaine de kilomètres de Fermont.

C’est Catherine qui me récupère et me ramène à la maison où je découvre toute la famille que je vais aider pendant 6 semaines : Yan le père 36 ans, Catherine 35 ans la mère et Florence leur fille 12 ans. Il y a aussi 2 autres volontaires françaises, Lucie 28 ans et Octavie 22 ans.

Tant que j’en suis au présentation, il y aussi 20 chiens de traîneau, des Huskies Alaskans (comme dans le Yukon) qui sont dans leur enclos à 1,5km de la maison. La grosse différence avec le Yukon c’est le nombre et aussi leur enclos où ils ne sont pas attachés mais répartis dans différentes zones de l’enclos qui contiennent de 1 à 5 chiens.



Certains chiens ont des noms d’homme ce qui est assez drôle : Marcel, Viviane, Georges, Paul, mais aussi Marcie, Bethula, Virus, Wana, Tika, Poilu, Gédéon, Machine, Cumin, June, Argo, Goberge, KTM, Azur, Browning, Beacon et Ruger.






Ils ont ces chiens avant tout pour la passion et le loisir mais ils font aussi 3-4 courses durant l’hiver dont une à Fermont. Florence, qui a 12 ans, a son traîneau et fait aussi des courses !
C’est assez drôle de voir le décalage entre la vie nantaise et celle de Fermont. Le lendemain soir de mon arrivée, Yan sort en traîneau et nous (Florence, Octavie et moi) le suivons sur le motoneige (ou skidoo). Comme les français, que nous sommes, ne savent pas « chauffer » un skidoo, c’est Florence qui conduit ! 🙂
Le volontariat consiste à nourrir les chiens matin et soir, nettoyer les enclos, pelleter la neige à la maison et l’enclos, entraîner les chiens chaque semaine et autres bricolages (réparation traîneau, couper du bois, …)
Ma première sortie sera un weekend où nous partons en camping ! Oui oui camping dans la neige à -15°C. Je me dis qu’il doit avoir un gîte mais en fait non 🙂 Nous emmenons de la paille pour les chiens et aussi pour nous. Yan sur le traîneau est tiré par 8 chiens, Octavie et moi sur le skidoo tirés par 12 chiens. Après 35 km, on va donc dormir sur de la paille posée sur la neige dans un duvet -40°C. Nous dormons 4-5h chacun à coté d’une chienne (pour pas se faire pisser dessus :)) et nous repartons le lendemain matin. Bien sûr, Yan dort à côté de son « 12 », son fusil, au cas où un loup se présenterait ! Expérience unique à voir en vidéo ici!








Mes journées seront rythmées par les chiens et les sorties pendants 6 semaines 7 jours sur 7 ! La semaine pendant que Yan travaille, ce sont les français qui entraînent les chiens le lundi et mercredi matin pour 20-30km. Le vendredi et le dimanche sont des grosses sorties de 60-70km avec Florence. Je ferai quand même 3 grosses sorties de 70km avec Yan dont la dernière, la veille de mon départ, à la frontale de minuit à 5h du matin !
J’ai fait mes sorties avec 6 chiens ce qui est suffisant vu la puissance qu’ils dégagent. C’est assez physique : il faut parfois courir à côté du traîneau dans les montées, en cas de chute ne jamais lâcher le traîneau, aider les chiens dans la poudreuse, tout ça dans des conditions parfois assez dures avec du vent glacial. Ma plus froide sortie aura été a -22, je suis content de ne pas avoir eu plus froid 🙂
Photos des sorties :













Mes journées étant bien occupées avec les chiens, je n’ai fait qu’une rando même s’il n’y en a pas 36 dans le coin. Il s’agit d’une petite boucle au Mont Daviault qui est juste à côté de l’enclos.











J’ai passé 6 semaines assez rythmées dans un monde très loin du mien où la température moyenne a été -15/-20°C. C’est descendu au plus bas à -30, où l’on sent, dans le nez, l’humidité geler ! J’ai du faire autour de 400km de traineaux dans la forêt enneigée appelée Taïga. Et j’ai aussi eu l’occasion de manger de l’orignal chassé par Yan l’été passé.
Enfin, j’ai pu expérimenter les lacs gelés et leurs dangers ! Lors
d’une sortie avec Yan, Florence et Lucie, nous sommes passés sur un
grand lac gelé. Au retour, par les sentiers, nous avons voulu faire demi
tour sur un autre petit lac. Yan et moi sur le motoneige allons faire
un tour avant les chiens pour vérifier le lac et faire une trace pour
que les chiens passent. Le premier passage n’est pas top, on sent des
zones molles, on en fait donc un deuxième et là c’est le drame ! Nous
passons sur une plaque « chaude », le motoneige est trop lourd et ne
peut plus avancer car sur l’eau ! Nous sautons vite du motoneige, mon
pied trempe dans l’eau gelée en me hissant sur la glace. Nous sommes à
une cinquantaine de mètre du bord que nous rejoignons sans soucis. Mise à
part le motoneige que nous voyons couler comme le Titanic, il n’y a pas
de dégats.
Yan et moi retournerons le lendemain avec 3 amis à lui pour pêcher le
motoneige. Après 6h de pêche, nous le remontons à la surface. Nous
n’avons pas eu de chance la veille car pour le récupérer nous sommes
quand même 5 sur la glace autour du trou ainsi que 3 autres motoneige
pour tirer le noyé et la glace n’a pas bougé d’un poil !




Pour votre plaisir, je vous laisse chercher la définition des mots
québécois qui ont fait mon quotidien : Pantoute, frette, c’est correct,
Tabarnak, Astie, Ciboire, Câlisse, des gougounes, à date, à tantôt,
bobettes, chandail, char, tuk, chaudière, Crisse, décâlisser, Marde,
Moé, Toé…